FED : Une première baisse des taux en septembre

Jean-Jacques Legendre, 01 août 2024

Marchés financiers USA Investissement

La Fed envisage une baisse des taux en septembre pour contrer une éventuelle hausse du chômage

 

La banque centrale américaine (Fed) a maintenu hier soir, mercredi 31 Juillet, ses taux d'intérêt à leur plus haut niveau depuis 20 ans (ces derniers stationnent sur un plateau élevé de 5,25 %-5,5 % depuis un an), mais a ouvert la voie à une baisse en septembre, préoccupée désormais par une hausse du chômage et non plus seulement par l'inflation.

Dans sa conférence de presse, le président de la Fed Jerome Powell a expliqué que le comité ne se décide pas par avance. «Nous nous rapprochons» du moment où la baisse pourra être enclenchée, a-t-il dit. Interrogé sur ce qui pourrait inciter la Fed à le faire en septembre, il a donné quelques indications : une désinflation «rapide, plus ou moins en ligne avec les attentes» et un marché du travail «cohérent avec ses conditions actuelles». En revanche, si l'inflation s'avérait plus résistante», avec des anticipations d'inflation de long terme plus fortes, la politique monétaire ne pourrait être assouplie.

 

La sinueuse désinflation

Le sentiment général a bien changé depuis le printemps. En avril, la publication de l'indice des prix à la consommation de mars avait pris de court les optimistes : l'inflation repartait, au rythme de 3,5 % par an. Par conséquent, la Fed avait dû revoir ses projections pour l'année, publiées en juin. Au lieu d'abaisser trois fois les taux dans l'année, les membres du comité de politique monétaire s'étaient résignés à l'idée de ne les réduire qu'une fois, et assez tard.

Puis les choses sont revenues dans l'ordre. La désinflation a repris son cours sinueux. En juin, l'indice des prix du mois de mai s'est affiché à 3 %, inférieur aux attentes, et en fonte rapide. Et puis le chômage monte, modérément, mais un peu plus vite que prévu. De quoi mettre en alerte les économistes qui se fient à la «règle de Sahm», cette règle empirique liant l'accélération du chômage au risque de récession. Même si, à 4,1 %, le taux de juin n'a rien d'effrayant vu d'Europe.

Jerome Powell, lui, a évoqué une «normalisation du marché du travail». Ce marché est redevenu comparable à ce qu'il était «à l'aube de la pandémie», avant la crise et le rebond. Il a cité l'augmentation de l'offre de travail et le ralentissement des hausses de salaires.

 

Réalité quotidienne moins rose

La réalité quotidienne des Américains, elle, a changé. Finie, l'euphorie post-Covid. Aujourd'hui, les employés ont tendance à s'accrocher à leur poste. Ils ne sont pas sûrs de trouver mieux ailleurs, voire de retrouver un job. Les entreprises publient moins d'offres d'emploi. Et ces offres sont plus concentrées sur certains secteurs, notamment l'administration publique, la santé ou le social. De même, le moteur de la consommation donne des signes de faiblesse - même si la croissance américaine continue à surprendre et à détonner par sa vigueur, à 2,8 % au deuxième trimestre. Ce n'est pas un hasard si McDonald's ou Starbucks ont mis en avant ces derniers temps des offres bon marché. Il devient plus difficile de faire sortir les Américains. Ils ont déjà dépensé les économies constituées pendant le Covid et renâclent devant les prix élevés.

Se loger est devenu l'une des principales difficultés pour les ménages. Ceux qui sont déjà propriétaires d'une maison ou d'un appartement renoncent à déménager, car ils ne veulent pas troquer leur crédit immobilier à 3 % contre un crédit à 7 %. Ceux qui veulent acheter ne trouvent pas d'offres. Ceux qui louent sont essorés par les augmentations de loyer.

 

Satisfaire l'électeur

Forcément, la décrue des taux contribuerait à dégripper ce marché immobilier bloqué. Elle aiderait aussi les entreprises à emprunter, les particuliers à acheter une voiture, et elle diminuerait les risques pour les groupes gorgés de dettes à renégocier.

En un mot, elle satisferait l'électeur. C'est bien ce qui inquiète le candidat républicain à la présidentielle, Donald Trump, qui a récemment mis en garde Jerome Powell et les autres banquiers centraux contre une baisse des taux dès septembre, autrement dit pendant que Joe Biden est encore président. Ils «savent qu'ils ne devraient pas faire ça», du moins pas avant le scrutin de novembre, afin de ne pas fausser le jeu, a-t-il dit à Bloomberg. Un comble, de la part d'un candidat qui critique depuis des mois une politique monétaire trop stricte.

 

Le symposium de Jackson Hole

Fin août, la Fed tiendra la grand-messe annuelle des banquiers centraux à Jackson Hole, site de villégiature des montagnes du Wyoming. Jerome Powell y donne habituellement un discours et pourrait être plus précis sur la baisse des taux envisagée lors de la prochaine réunion, les 17 et 18 septembre.

Contexte électoral. Cette réunion sera d'autant plus importante qu'elle sera la dernière avant l'élection présidentielle américaine du 5 novembre. Le candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump avait, en février dernier, reproché à la Fed – indépendante du pouvoir politique – de vouloir baisser ses taux pour aider les démocrates à gagner.

«Nous n’essaierons jamais de prendre des décisions fondées sur le résultat d’une élection qui n’a pas encore eu lieu», a déclaré Jerome Powell mercredi, en soulignant que toute décision de la Fed «avant, pendant ou après les élections, serait basée sur les données, les perspectives et l’équilibre des risques et sur rien d’autre». «Nous n’utilisons jamais nos outils pour soutenir ou combattre une formation politique, un responsable politique ou un résultat politique», a-t-il assuré.

En conclusion, la Fed semble prête à entamer une politique de réduction des taux qui devrait bénéficier aux marchés financiers. De plus, avec la possible réélection de Donald Trump, le contexte semble favorable aux actions américaines à moyen terme. Cependant, à court terme, comme nous l'avons observé ces dernières semaines, des corrections restent possibles. Il est donc crucial de saisir les opportunités qui se présentent.


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