Faut-il craindre un embrasement au Proche-Orient ?
Jean-Jacques LEGENDRE, 30 septembre 2024
Marchés financiers Investissement Monde
L'élimination de Hassan Nasrallah, chef incontesté du Hezbollah, le 29 septembre 2024, qui survient presque à l'anniversaire de l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023, représente une étape majeure pour Israël dans l'anéantissement du Hezbollah. Cet événement intervient également quelques jours avant les fêtes juives de Kippour et Roch Hachana, périodes particulièrement symboliques pour la communauté israélienne, renforçant ainsi la portée émotionnelle et stratégique de cette opération.
En neutralisant ainsi un leader clé du Hezbollah et en affaiblissant la présence militaire chiite à la frontière nord à l'aide de bipeurs piégés et par des frappes sur le haut commandement et l’arsenal du mouvement chiite, Israël a finalement presque totalement déstabilisé l'ensemble du réseau d'influence iranien au Liban.
La question que tout le monde se pose aujourd'hui est donc de savoir si l'Iran va enfin réagir et entrer en conflit direct avec Israël, entraînant le monde dans une période de très forte instabilité.
Nous ne le croyons pas.
L’Iran est conscient que s'engager dans une guerre ouverte avec Israël serait suicidaire. Les capacités militaires israéliennes, associées à ses services de renseignement supérieurs et à une alliance stratégique avec les États-Unis, sont des éléments que Téhéran ne peut ignorer.
De plus, le régime des Mollahs fait face à des crises internes, économiques et politiques, qui compliquent toute action militaire. Une guerre contre Israël pourrait aggraver la pression sur un régime déjà contesté par une population mécontente. Entrer en guerre ouverte contre Israël, dont les conséquences seraient probablement désastreuses, menacerait la survie même du régime des Mollahs. Face à ce risque existentiel, l'Iran se contentera probablement de vitupérer.
N'oublions pas que cette élimination de Hassan Nasrallah survient également après la mort d’Ebrahim Raïssi, président iranien, dans un mystérieux crash d’hélicoptère en mai 2024, ainsi que la disparition tout aussi étonnante, le 31 juillet 2024, d'Ismaël Haniyeh, leader du Hamas et considéré comme le responsable des attentats du 7 octobre. Comble de l'humiliation pour l'Iran, la mort d'Ismaël Haniyeh avait eu lieu sur son territoire.
Quelle fut la réaction de l’Iran ? Alors que certains s'attendaient à une réponse forte, la réaction de l’Iran s'est limitée à des condamnations verbales, sans engagement militaire majeur. Quelques missiles rapidement neutralisés par le Dôme de fer au-dessus d'Israël, des incantations confuses et des imprécations, comme ils en ont l’habitude, sans conséquences concrètes.
La mort "accidentelle" d’Ebrahim Raïssi, selon la version officielle, dans un atterrissage mal contrôlé de son hélicoptère en mai 2024, nous laisse penser qu'un changement de régime est probablement à l'œuvre en Iran. Raïssi était un symbole du durcissement du régime contre Israël. Certains analystes suggèrent même que cet accident pourrait être le résultat de tensions internes au sein du régime, marquant une volonté de l'Iran de sortir de son isolement diplomatique.
L'attentat terroriste, effroyable dans son horreur, perpétré par le Hamas en Israël, a profondément ébranlé la confiance des Israéliens dans leur capacité de défense et a placé le gouvernement de Benjamin Netanyahou sous le feu des critiques. Ce dernier est donc aujourd'hui clairement déterminé à aller jusqu'au bout dans sa guerre contre le Hamas et le Hezbollah. Et nous pensons qu'il y parviendra.
Les États-Unis, traditionnellement impliqués dans la région, sont accaparés par les élections, limitant leur capacité d'action. La Russie, influente en Syrie, est concentrée sur le conflit en Ukraine et n'a pas les moyens d'agir, tandis que la Chine est mécontente de l’Iran qui a interrompu la route de la soie après les attentats du 7 octobre, en mandatant les Houthis pour attaquer Israël. Quant à la France, son influence politique dans la région est devenue marginale malgré la présence de son nouveau ministre des affaires étrangères, qui découvre le Proche-Orient et espère que la France puisse encore jouer un rôle significatif au Liban en raison de sa responsabilité historique.
En conclusion, nous ne croyons pas à un embrasement au Proche-Orient qui viendrait déstabiliser la région et la sécurité du monde, provoquant une période de troubles et d'instabilité sur les marchés financiers. Au contraire, nous pensons que l'Iran pourrait connaître une révolution de palais et participer au processus de paix qui ne manquera pas de s'engager si Israël finit par l'emporter militairement. À ce moment, Israël pourra également reprendre le processus de paix qu'elle avait engagé avec l'Arabie saoudite.
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