Faut-il acheter le CAC 40 ?

Jean-Jacques LEGENDRE, 01 novembre 2024

Marchés financiers Europe Monde

Depuis le début de l'année 2024, il est frappant de constater l'incongruité d'une situation préoccupante pour la France sur les marchés financiers. Alors que le marché américain a enregistré une forte progression, avec une hausse de 22 % pour le S&P 500 et de 24 % pour le Nasdaq, et que le DAX allemand a crû de 14 %, le CAC 40, quant à lui, recule de 2 %. À deux mois de la fin de l'année, cette baisse souligne une situation peu reluisante pour la France, mettant en évidence un décalage inquiétant entre la performance des marchés européens et celle des marchés américains.

La situation politique incertaine en France, associée à une forte dégradation des finances publiques, est souvent avancée par certains analystes comme l'une des raisons majeures du retard de performance du CAC 40. Le raisonnement qui sous-tend cette analyse repose sur l'idée que cette instabilité politique engendre un climat d'incertitude, dissuadant ainsi les investisseurs. Parallèlement, des problèmes structurels tels qu'un déficit public persistant et une croissance économique faible aggravent encore cette situation, rendant le paysage économique encore plus préoccupant.

Les observateurs politiques avertis, ou qui se revendiquent comme tels, ne sont guère optimistes quant aux chances du "pauvre" Michel Barnier de porter seul un fardeau aussi lourd. Ils en prennent pour preuve qu'il a déjà du se faire opérer du dos. Au delà de l'anecdote (le mot est décidément à la mode), le gouvernement s'emploie depuis le 5 septembre 2024,à mettre en place des mesures pour redresser la barre, mais il règne une grande confusion à l'Assemblée nationale au sein de laquelle un véritable concours Lépine parmi les députés s'est mis en place pour trouver un nouvel impôts, qui viendrait casser une croissance française déjà atone.

A l'appui de cette thèse également, on avance que l'écart des taux d'intérêt à long terme entre la France et l'Allemagne (ce qu'on appelle le "spread") qui était relativement modeste, autour de 0,3% s'élève désormais à 0,75%.

Bien que séduisantes, ces explications ne suffisent pas à expliquer totalement la baisse de la Bourse parisienne. D'abord, la baisse du marché parisien a débuté en mai 2024, bien avant les élections législatives et la situation chaotique qui a suivi. De plus, 77 % du chiffre d'affaires du CAC 40 provient de l'international, limitant ainsi l'impact de la conjoncture française sur ces entreprises. Le recul du CAC 40 semble donc davantage lié à sa structure sectorielle. Les secteurs du pétrole (TotalEnergies), du luxe (LVMH, Kering) et de l'automobile (Stellantis, Renault) ont enregistré des baisses significatives depuis mai 2024.

Quelle perspectives pour le marché français ? 

Pour réduire les écarts de performance avec les États-Unis, le marché français doit retrouver une dynamique de croissance, en particulier celles du luxe, grâce au rebond en Chine et à la baisse des taux d'intérêt.

Parallèlement, des incertitudes persistent quant à l’avenir des réformes en France, en particulier celles touchant aux retraites, qui pourraient être annulées, entraînant un retour à un âge légal de 62 ans et une durée minimale de cotisation de 42 annuités. Une telle décision nuirait gravement à l'image de la France sur les marchés financiers. L’agence de notation Moody's a certes maintenu la note de la dette souveraine de la France à "Aa2", mais avec une perspective négative. L’abrogation de la réforme des retraites entraînerait immédiatement une dégradation de cette note, accompagnée d’une forte augmentation des taux d'emprunt, ce qui aggraverait les finances publiques et la situation économique de la France.

De surcroît, la consolidation budgétaire pourrait restreindre la croissance, projetée à environ 0,5 % en moyenne annuelle pour 2025, ce qui aurait des répercussions sur les bénéfices des entreprises et les indices boursiers. En outre, le gouvernement français a proposé une contribution exceptionnelle de 8 milliards d'euros sur les bénéfices des grandes entreprises pour 2025 afin de réduire le déficit public. LVMH, par exemple, estime que sa contribution pourrait s'élever entre 700 et 800 millions d'euros. Tout cela n'est donc pas favorable aux actions françaises.

Enfin, il existe une menace supplémentaire : si Donald Trump est réélu, il pourrait adopter une politique commerciale stricte, entraînant une hausse des droits de douane sur les importations. Cela nuirait encore à l'économie française.

Quelle conclusion peut-on tirer de tous ces éléments contradictoires ou partiellement compensatoires ?

Malgré les défis importants évoqués, le CAC 40 représente, selon nous, une opportunité d'investissement intéressante à ses niveaux actuels. Son retard de valorisation par rapport à d'autres indices, associé à la baisse des taux d'intérêt amorcée aux États-Unis et en Europe, ainsi qu'à un rebond économique probable en Chine en 2025, pourrait favoriser cette reprise.


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