Europe : Un pari risqué ou une opportunité Inattendue pour 2024 ?
Depuis plusieurs années, la question « Faut-il investir sur les marchés européens ? » hante les esprits des investisseurs. Face à la divergence croissante entre les marchés boursiers européens et américains, ces derniers se demandent si la décote marquée des actions européennes représente une opportunité d’achat irrésistible ou si elle reflète des réalités économiques plus profondes et persistantes.
Un fossé grandissant entre l’Europe et les États-Unis
Les Bourses européennes, historiquement dominées par des secteurs traditionnels comme l’automobile et le luxe, traversent une période difficile. L’industrie automobile, pilier de l’économie européenne, est confrontée à des défis majeurs : transition vers l’électrique, pénuries de composants, et demande mondiale fluctuante. Le secteur du luxe, bien que résilient, montre des signes de ralentissement, notamment en raison de la lassitude des consommateurs chinois, autrefois moteurs de ce marché.
La France traverse une période de turbulences politiques qui s’ajoute à ses défis économiques. L’instabilité politique est devenue un facteur de préoccupation majeur pour les investisseurs car les investisseurs redoutent une possible paralysie des réformes nécessaires pour relancer la croissance économique.
De l’autre côté du Rhin, l’Allemagne, longtemps considérée comme le moteur économique de l’Europe, fait face à une série de défis structurels qui mettent en péril sa position dominante. L’industrie manufacturière allemande, pilier traditionnel de son économie, est confrontée à un déclin progressif en raison de l’émergence des nouvelles technologies. L’incapacité à moderniser rapidement ses processus et à intégrer des technologies de pointe entrave la compétitivité de ses industries sur le marché mondial. Parallèlement, la transition énergétique, qui devrait être un atout pour l’Allemagne, avance plus lentement que prévu.
Ces défis internes en France et en Allemagne créent un climat d’incertitude qui complique la situation des marchés européens.
Nvidia : le symbole de la suprématie américaine
En parallèle, la Bourse américaine, emmenée par le secteur technologique, évolue sur une trajectoire différente. Aux États-Unis, la Tech domine, avec des entreprises comme Nvidia en tête de file. Cette domination technologique a permis aux indices américains de connaître une forte croissance, creusant davantage le fossé avec l’Europe.
Nvidia incarne cette domination. Chaque trimestre, la publication de ses résultats est attendue avec autant d’attention que les grands indicateurs économiques. Lors de sa dernière annonce, hier soir l’entreprise a dévoilé un chiffre d’affaires de 30 milliards de dollars pour le trimestre, en hausse de 122 % sur un an, surpassant les attentes des analystes. Son bénéfice a bondi de 168 %, atteignant 16,6 milliards de dollars, avec une marge impressionnante.
Malgré ces résultats exceptionnels, l’action de Nvidia a chuté de près de 8 % après la publication, signe des attentes élevées entourant le titre. Néanmoins, l’action reste en hausse de plus de 150 % en 2024, témoignant de la confiance continue des investisseurs.
Ces performances contrastent fortement avec celles des marchés européens, où le Price-Earnings Ratio (PER) de l’indice Stoxx 600 est de 15, contre 26 pour le S&P 500. Cette différence de valorisation indique une décote de 40 % des actions européennes par rapport à leurs homologues américaines.
Une décote qui persiste, mais jusqu'à quand ?
Malgré cette décote, beaucoup d'experts restent sceptiques quant à un rattrapage à court terme de la valorisation des marchés européens. La persistance de la décote reflète des défis structurels en Europe, tels qu'une croissance atone et un manque d'innovation dans des secteurs clés comme la technologie.
Cependant, il est important de noter que l’écart entre les performances des marchés européens et américains n’a jamais été aussi grand. Ainsi, depuis le début de l'année, le CAC 40 a enregistré une hausse modeste de 0,46 %, atteignant 7 577,67 points. Pendant ce temps, le Nasdaq a grimpé de 16,20 % à 17 443,69 points, et le S&P 500 a progressé de 16,66 % à 5 564,45 points. Ces écarts sont historiques et pourraient suggérer une possibilité de rattrapage pour l’Europe au cours du dernier trimestre de 2024.
Faut-il alors investir en Europe ?
La réponse reste nuancée. Si la décote des actions européennes reflète des défis persistants, les écarts de performance avec les marchés américains sont aujourd'hui si prononcés qu'un rattrapage, même partiel, nous semblent envisageable et représenter une opportunité.